Paul Verhoeven est un des réalisateurs dont les films ont souvent créé des polémiques ou du moins suscité des réactions…J’aime particulièrement la majorité d’entre eux car ils sont souvent une critique acerbe des milieux ou des sujets qu’ils traitent, j’ai rarement été déçue si ce n’est par Show Girls que j’ai oublié…
Elle est son premier film tourné en langue française avec des acteurs français et comme la majorité de ses autres films celui-ci a créé une certaine polémique notamment à cause d’interprétations, de lectures limite à vomir, de certains critiques professionnels cinématographiques…

Elle c’est Michèle interprétée par une Isabelle Huppert irréprochable dans le rôle de cette femme forte que rien ne semble toucher, ébranler, elle garde tout sous (son) contrôle…Tant sa vie professionnelle où elle est à la tête d’une entreprise de jeux vidéo que sa vie personnelle où elle entretient une relation basée sur le sexe avec le mari (idiot) de son amie et partenaire en affaires. Rien ne semble l’atteindre pas même lorsqu’elle se fait violer par un intrus camouflé, entré par effraction chez elle…Contre toute attente elle fait comme si de rien n’était et au lieu de porter plainte, commence à mener sa propre enquête dans son entourage afin d’identifier le violeur.

Certes la réaction de Michèle est troublante voire choquante mais petit à petit les pièces du puzzle de sa vie se dévoilent, où elle a eu une enfance pas forcément comme les autres, héritière d’un passé sanglant malgré elle, du côté de son père, elle semble insensible par rapport à ce qui lui arrive, étant toujours assez dure et directe à la fois dans les relations qu’elle entretient avec son ex mari, son fils immature, sa mère nymphomane ou certains de ses employés. Elle est l’image de la femme forte, survivante et combative à la fois où elle va finalement inverser les rôles et traquer son violeur, quitte à avoir des sentiments pour lui…

Elle est à la fois un drame mais aussi un thriller avec ce côté Whodunit et son léger côté Hitchcockien sans oublier quelques pointes d’humour noir et cyniques notamment dans les dialogues. Tous les acteurs sont remarquables, Isabelle Huppert en premier qui nous montre une palette de ses talents de comédienne, Laurent Laffite, Virginie Effira que l’on a l’habitude de voir dans des rôles de comédies sont à contre-emploi ici : c’est également une grande réussite.

En bref, oui Elle est provoc’, amoral, dérangeant, parfois pervers mais il met surtout en avant cette femme solide comme un roc qui cache ses failles et les douleurs qu’elle a subit dans le passé ou plus récemment. Elle souhaite prendre le contrôle et (re)prendre le dessus de ce qu’elle a enduré quitte à frôler le déni pour avancer. Elle est pour moi un belle hommage aux femmes, bourré de références et métaphores liées aux jeux vidéo domaine dans lequel elle travaille, ce qui peut aider pour comprendre au mieux son personnage principal. Et cerise sur le gâteau Elle secoue le cinéma français dans le bon sens du terme en nous offrant autre choses que des comédies grand public.

A noter que le film Elle a été présenté au festival de Cannes et est reparti bredouille mais il représentera la France aux prochains Oscars. Enfin Elle est adapté du roman Oh… de Philippe Djian.

Elle est disponible en vidéo depuis le 4 Octobre.